A l’occasion de l’écriture – tardive! – de mon texte pour le passage de grade dan, j’aimerais partager ici quelques réflexions sur la notion de contact.
On répète que uke doit garder le contact avec tori en toute circonstance. S’il ne le fait pas, il s’expose, et ne peut contrôler ni son adversaire ni la situation. Il devient vulnérable. Ce contact est visuel, mais également corporel: il ne doit jamais «tourner le dos» à son adversaire.
Cette notion se retrouve partout dans le règne animal: le buffle qui prend la fuite devant le lion sera attaqué sur la nuque; très souvent, parmi une même espèce, deux mâles s’affronteront face-à-face pour obtenir les faveurs des femelles, et celui qui tournera le dos sera considéré comme vaincu.
Pour illustrer mon propos, sortons du monde des arts martiaux, une fois n’est pas coutume, et observons ce qui se passe en terme de contact entre l’homme et le chien.
J’ai toujours été fasciné à quel point le chien porte toute son attention sur son maître, tout le temps, même quand il dort. Le moindre bruit le met en alerte, et il se réveille quasi-instantanément. Ce contact est à distance, auditif et visuel principalement. S’agissant ensuite de chien de travail, par exemple de chiens de moutons, le contact est toujours présent entre le chien et son maître, mais également entre le chien et les moutons qu’il surveille. Les ordres du maître sont attendus par le chien, sans fatigue. Avec de l’entraînement, ce dernier comprend quand il doit partir dans une certaine direction, revenir, faire une boucle, se coucher, avancer, reculer, entre autres. Et il apprend à force de répétitions. Mais surtout pas en écoutant des explications verbales!
Il y a quelques points communs avec l’aïkido. Le premier, c’est qu’il nous faut plus observer qu’écouter; il nous faut plus montrer qu’expliquer. C’est dans notre nature de toujours parler, mais nous devrions apprendre à privilégier les yeux aux oreilles. Si un chien peut apprendre sans explications verbales, pourquoi pas nous?
Un autre est la force dans la répétition. Il nous faut nous entraîner, sans relâche, encore et encore, jusqu’à ce que chaque technique devienne naturelle et fluide. Une fois que les techniques deviennent «naturelles», et que le chemin devient connu (croit-on), on pourra sortir du chemin. Le but de l’aïkido, c’est l’entraînement lui-même.
Enfin, comme un chien qui dort d’un oeil, nous devons constamment observer notre sensei, nos sempai, nos kôhai… et nous-même!
Marcel