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Préceptes de la pratique d’aïkido

Avec le temps et l’accroissement du nombre de pratiquants, il devint nécessaire de définir des règles de conduite à l’intéreur du dojo. Un jour que des élèves gradés allèrent trouver le Fondateur pour lui exposer le problème, il sourit et dit : »Ainsi, les temps ont changés! ». Il prit une feuille de papier et écrivit rapidement six règles, puis les tendit aux élèves. Elles sont aujourd’hui regroupées pour constituer les « préceptes de la pratique de l’Aikido »:

1. En Aikido, une seule frappe décide de la vie et de la mort, c’est pourquoi les élèves doivent suivre scrupuleusement l’enseignement de leur professeur et ne pas se mesurer pour savoir qui est le plus fort.

2. L’Aikido est la voie qui enseigne comment se défaire de plusieurs ennemis. Les pratiquants doivent s’entraîner pour développer leur vigilance non seulement de face, mais également de côté et par-derrière.

3. Le cours doit toujours se dérouler dans une atmosphère agréable et conviviale.

4. Le professeur n’enseigne qu’un aspect limité de l’art. Ses multiples applications devront être découvertes par chaque élève au travers d’une pratique et d’un entraînement constants.

5. Dans la pratique quotidienne, il faut commencer par bouger le corps avant de poursuivre par une pratique plus intensive. Ne jamais forcer les choses hors des limites du naturel et du raisonable. Si vous suivez cette règle, même les plus agés ne se blesseront pas et pourront continuer à s’entraîner dans une atmosphère agréable et conviviale.

6. L’Aikido a pour objet l’entraînement de l’esprit et du corps pour que l’homme devienne sincère et honnête. Toutes les techniques se transmettant d’individu à individu, ne les communiquez pas au hasard. Elles risqueraient d’être utilisées par des individus peu scrupuleux.

Morihei Ueshiba

(Texte tiré de « L’esprit de l’Aikido », de Kisshomaru Ueshiba, page 99.)

Signification des kanji Ai-Ki-Do

 

aikido-ai-b

Aï: Exprime le principe d’amour, d’harmonie et d’union.

 

 

Ki: aikido-ki-bAussi Qi (Chi) en chinois, Khi en vietnamien. On peut traduire Ki par « énergie vitale », « énergie interne », « essence de vie », « souffle » ou encore « volonté radiante ». Ki consiste en quelque chose d’impalpable et pourtant terriblement puissant dans ses effets, la totalité de l’énergie mentale et physique concentrée avec toute l’attention dont un homme est capable. Ki est une force explosive accumulée. La notion de Ki est la pierre angulaire de toute la compréhension de l’art martial tel qu’il est considéré en Extrême-Orient, la condition de son efficacité réelle.

Il y a dans Ki une notion psychique (volonté) et une notion physique (puissance), cette dernière aussi palpable que la première. Car avoir du Ki, c’est bien plus qu’avoir de la force musculaire; cette dernière, c’est Chikara, la force externe, superficielle, tangible […]. Chaque être humain possède Ki; le seul problème est de savoir le mobiliser à volonté et l’utiliser intelligemment. Certains hommes possèdent un Ki puissant (Tsuyoki) tout en l’ignorant, et ce sont ceux qui les côtoient qui en ressentent les effets; il leur suffira par exemple d’entrer dans une pièce pour qu’on les « subisse » en quelque sorte, plus ou moins consciemment, comme il leur est facile d’approcher et de calmer un chien déchaîné ou un cheval rétif. D’autres ont un Ki faible (Yowaki), ou encore un Ki fort dont ils font mauvais usage. Autrefois le samouraï au combat était sensé capturé le Ki de l’adversaire avant que l’attaque ne se déclenche réellement. Dans l’art martial la sensibilité d’un individu au Ki, le sien et celui de l’adversaire, est primordiale ; il y a un phénomène de communicabilité du Ki d’un individu à un autre (Ki-ga-au : « notre Ki coïncide », c’est-à-dire « nous sommes sur la même longueur d’onde »), subtile et irrationnel, auquel fait également allusion l’art du Kiaï.


aikido-do-bDo: 
Exprime le cheminement spirituel suivi par l’adepte d’une discipline (Geiko) religieuse, artistique ou martiale, cette discipline n’étant qu’un moyen extérieur de progresser vers l’union du corps et de l’esprit pour la découverte de l’harmonie (Aï) du « soi » avec les forces de la nature et avec tous les êtres. Ce qui amène à une sorte d’éveil intérieur (Satori) et une renaissance pour celui qui a ainsi découvert sa « vrai nature » et dont le comportement, dans les moindres actes de la vie quotidienne, sera différent, entier, efficace, parfaitement assumé.

Le concept du Do est à la base de l’évolution des Bu-jutsu, d’abord simples techniques martiales, en Bu-do, voies de la perfection (à travers les techniques martiales). Il ne comporte, contrairement à la notion chinoise de Dao, aucune connotation religieuse ou magique. Il s’agit simplement d’une voie empruntée par l’homme motivé et sincère, progressant dans la maîtrise de son corps et de son esprit. Cette préoccupation centrale fait la différence entre un pratiquant d’art martial et un pratiquant de sport de combat, plus facilement attaché aux résultats immédiats et superficiels. C’est pourquoi les puristes du Budo ne peuvent admettre l’existence de compétitions sportives qui empruntent les techniques de leur art martial à de simples fins de valorisation de l’ego du vainqueur. Les préoccupations des deux directions prises par une pratique martiale (progression personnelle ou valorisation devant autrui) sont à l’opposé. D’où la grande équivoque et les malentendus régnant dans les milieux d’arts et (ou) de sports martiaux: la victoire en championnat arbitré n’est qu’un moment, le cheminement sur la « voie » proposée par l’art est l’affaire de toute une vie. Le Do est un levier éducatif pour l’homme, enseigné de maître à disciple (Oshi). Il l’est sous la forme d’une discipline contemplative comme le bouddhisme Zen (Butsu-do) comme il l’est sous celle d’un entraînement physique à caractère martial (Aïkido, Judo, Kendo, Iaido, Karatedo, etc) et comme il l’a été au temps des Samuraï à travers le respect du Code d’honneur (Bushido). D’autres pratiques japonaises sans aucun caractère ni religieux ni martial, sont empreintes de la même essence et se proposent le même but: aisi l’art du thé (Chado), l’art floral (Kado), ou l’art de la calligraphie (Shodo) dans lequel excellaient d’ailleurs de nombreux maîtres d’arts martiaux, de Miyamoto Musashi à Funakoshi Gichin, comme un prolongement naturel de leur art.

G. et R. Habersetzer
(Textes tirés de « L’Encyclopédie des arts martiaux de l’Extrême-Orient », G. et R. Habersetzer, pages 24, 123-124, 335-336).

Signification des kanji Do-Jo

dojoDo : La Voie

Jo : Le Lieu

Dojo : Le Lieu où l’on étudie la Voie

Do s’écrit avec une empreinte de pied sur laquelle se superpose un homme en marche. L’ensemble devient le symbole du cheminement dynamique. A côté, la graphie exprime une tête surmontée d’une chevelure hirsute : c’est celle des statues menaçantes des Myo-O, les rois-gardiens qui surveillent dans les vieux temples les cinq points cardinaux : le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest et le Centre. Une tête en mouvement, c’est le chemin spirituel, c’est le principe, c’est la loi.

Jo se compose de plusieurs graphies différentes mélangées. La première à gauche, quand elle est isolée, c’est Ba, l’endroit, le terrain. Puis à sa droite en haut, c’est Hi, le soleil. En dessous, un trait horizontal, c’est Ichi, le chiffre un. Enfin en dessous est tracé le signe Ken, le Katana, le sabre, auquel se mélangent deux signes en forme d’apostrophe qui sont l’abréviation de Kokoro, le cœur, l’esprit, l’âme.

Le Dojo n’est donc pas un lieu quelconque, mais un lieu sacralisé par le soleil dont l’orientation est fonction de la direction où se lève l’astre du jour (mur d’honneur à l’Est), pour y étudier l’entraînement au sabre afin de faire l’unité du corps et de l’esprit par le cœur, centre d’énergie de la véritable communication, du ressenti, de la compréhension authentique…

Pierre Delorme
(Texte tiré de Dojo, le temple du sabre, par Pierre Delorme, Editions Budostore, page 14.)

A propos des examens

 

chibaA l’approche des examens, une certaine excitation s’empare des pratiquants. Et c’est bien normal.

Le grade est le lien visible de la relation d’un enseignant avec son élève. C’est aussi l’acceptation mutuelle de ce lien. Etablir cette relation se dit au Japon NYU MON, Nyu avec le sens IRI dans Irimi, entrer, Mon, la porte. Franchir la porte.

L’aïkido est en constante évolution, nous sommes en constante évolution, et l’enseignement consiste à favoriser cette évolution de façon à mettre en valeur les qualités de chacun. Cela peut paraître antinomique de dire que nous étudions un art martial traditionel, que nous essayons de rester au plus près de cette tradition, et que cet art est en constante évolution. Après quelques années de pratique, vous en conviendrez: l’aïkido échappe à toute analyse cartésienne.

Sensei Chiba a récemment dit que:

l’aïkido n’est pas de l’auto-défense, mais de l’auto-découverte.

Partant de cela, allez à la découverte des aspects les plus cachés de votre personnalité.

La relation enseignant-élève est complexe. Elle se situe à plusieurs niveaux, comme l’étude du sabre. Le niveau SHO DEN, la base, consiste à suivre assiduement les cours pour progresser, sans arrière-pensée. Chacun fait tout ce qu’il peut afin que le dialogue soit fructueux. Puis vient le temps d’un bilan intermédiaire, l’examen. A ce moment, l’élève réfléchit à ses progrès, et décide ou non de se présenter. Ce serait une erreur que de demander un pré-jugement à l’enseignant, car alors cela démontrerait un manque de confiance en ses propres capacités.

Il ne faut être ni trop modeste, ni trop présomptueux.

L’examen se situe au niveau CHU DEN, niveau avancé. La relation est intense et doit être empreinte de confiance, aussi bien de la part de l’enseignant que de l’élève.

OKU DEN, travail profond, est l’instant du résultat de l’examen. Qu’il soit réussi ou pas, un examen est toujours une expérience forte, et renforce le lien. Ou le rompt !

Lors de l’examen, plusieurs critères sont pris en compte. Tout d’abord, SHISEI, que l’on peut traduire par attitude, puis KOKYU, la respiration, qui doit être maîtrisée en fonction de l’effort fourni, KAMAE, se mettre en garde, et conserver une bonne garde durant la pratique. MA AI, élément important s’il en est, puisqu’il s’agit de la distance maîtrisée pour le combat, la relation spaciale entre les deux partenaires. (Consultez le livre de Sensei Tamura ainsi que les Ecrits sur les cinq roues, de M. Musashi).

Si ces quatre éléments sont, sinon maîtrisés, au moins présents dans votre travail, vous pouvez aborder l’examen en confiance.

Puis la connaissance des techniques et enfin la résistance physique.

La réussite ou non d’un examen se joue avant, par la préparation physique et mentale, puis dans les premiers instants de l’affrontement, qui sont décisifs sur l’issue du combat. De même que l’on choie son sabre, on prend soin de son corps. Le sabre est ainsi fait que l’on n’utilise que l’extrémité, appelée MONOUCHI, pour trancher. Le corps du sabre, c’est-à-dire la partie qui va de la TSUKA au MONOUCHI, n’est utile que parce qu’il prolonge les bras et permet de trancher. Réfléchissez à cela et attribuez aux choses l’importance qu’elles méritent d’avoir.

N’hésitez pas à demander conseil aux élèves plus avancés, ils partageront volontiers leurs expériences avec vous.

Daniel Brunner, 6e Dan Shihan
Mars 2003