J’ai souvent entendu lors des stages, ou ailleurs, que bloquer en aïki est une maladie. Je ne peux pas m’empêcher de faire la comparaison avec ce que j’ai appris de la méditation, à savoir que le blocage mental ou physique est un obstacle qui engendre une réaction de crispation et de résistance nous empêchant d’être dans l’instant. J’imagine que l’aïki, comme la méditation, est l’art d’éviter les conflits, ou plutôt d’apprendre à vivre en paix avec ses conflits. Dans cette idée, pratiquer aïki signifie “laisser être” l’adversaire, dans son mouvement et dans ses idées, sans le contrarier ni le contraindre. Respecter sa vie et sa dynamique… Laissons de côté nos idées, nos opinions, et essayons le lâcher prise…

Cela fait déjà un moment que je pressens que devenir un bon aïkidoka n’est pas devenir un surhomme, tout puissant et sans défauts, mais un être humain authentique dont le corps et l’esprit sont épurés de toute peur, dont les mouvements et les idées sont libres de tout blocage.

Faire une technique sur un adversaire reviendrait à le remplir de sa propre compassion. Si quelqu’un vient à moi, s’approche pour entrer en relation avec moi, c’est qu’il a besoin de moi à ce moment, d’une façon ou d’une autre. A moi de le remplir de ce qui lui manque en faisant une technique aïki.

De même qu’on ne fait pas pousser une fleur en tirant dessus, la pratique de l’aïkido devrait permettre de préparer la terre pour obtenir un beau jardin et accepter tout ce qui y poussera, apprenant à aimer aussi les mauvaises herbes.

Pierre Cambrosio, mai 2004